Qu’il soit arbre de vie, arbre de la connaissance, forêt de symboles, l’arbre suscite ma curiosité, m’interpelle, me questionne.
Miroir de notre être sensible, objet de fantasmes, remarquable par ses proportions et ses qualités esthétiques, il chante le transport de l’esprit et des sens comme l’écrit si bien Baudelaire.
Source d’émerveillement avec lui les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Quelques empreints à l’histoire de l’art, quelques frottages sur le vif dans mon jardin ou encore des impressions lors de randonnées habitent ces gravures et ces livres d’artiste que je vous invite à découvrir.
Françoise Duchêne
Il court, il court…
Il court, il court le cochon,
Il court, il court le renard,
Elle court, elle court la baudroie et tous les autres comme le furet du bois mesdames mais après qui, après quoi ?...
Le rêve d’un nid douillet ?
La promesse d’un festin royal ?
L’envie de s’échapper, de voir du pays, de faire des rencontres, de supporter l’imprévu…
Il y a tant de désirs en souffrance…
De Natura
Prélèvements de nature, de feuilles, de fleurs, d’insectes.
Fragments de paysage.
Nature observée, collectée, fractionnée, estampillée.
A l’affût de l’inconnu dans le familier. Un regard complice, un goût de l’authenticité, une perception accrue de l’instant, du lieu. Une attention portée à l’infime, aux détails capables de révéler le tout.
Un air enjoué, un soudain ravissement dans le quotidien, un souffle de vie, un temps intérieur qui abolit le passé et le présent, une expérience intime, un trésor de découvertes, mon jardin.
Un bonheur d’exister tout simplement.
Collerettes collectées, triées, appartenant toutes à des bouteilles de vins effervescents : des Crémants, des Blanquettes, des Champagnes…
Source pétillante d’inspiration qui a délié les langues des plus illustres poètes comme Baudelaire ou Omar Khayyam…
Collerettes de vins de Champagne en particulier, vins festifs par excellence…
J’ai tenté d’en capter le caractère enjoué, parfois l’extrême légèreté.
De traduire l’élégance, le raffinement ou l’opulence, l’exubérance jusqu’au baroque.
Prestige oblige, elles sont l’emblème de grandes Maisons, produit de luxe, de savoir–faire, d’un art.
« … Au fond de nos âmes comme une mélodie … »
(extrait d’Henri Bergson)
Dès lors, nos sens s’éveilleraient.
Nos mains, d’une infinie dextérité, tisseraient la trame de nos jours, vaste tamis où s’égrèneraient les douceurs et les aspérités de notre existence, nos petits bonheurs et nos malheurs.
La bouche en fête, nous dégusterions les mets les plus subtils, expérimenterions l’amertume, l’onctuosité ou l’acidité de compositions inventives et inattendues.
Nous tenterions la capture d’un parfum, l’extraction d’arômes si légers, si délicats, transportés par une mystérieuse alchimie.
« Nos yeux éblouis, aidés de la mémoire découperaient à vif dans l’espace et fixeraient dans le temps des tableaux inimitables.
Nous entendrions, au fond de nos âmes comme une mélodie quelquefois gaie, plus souvent plaintive toujours originale, la mélodie de notre vie intérieure. »
De plus en plus, l'art s'invite dans les villes, les quartiers. Affiches, graffitis, peintures essaiment dans les rues. Fresques urbaines qui expriment parfois la contestation, revendiquent d'autres fois une appartenance politique ou religieuse. Elles peuvent être le théâtre d'affrontements de bandes, de rivalités personnelles. Ou encore elles nous envoient des messages de poésie, d'utopie, d'univers singuliers. Elles dérangent, révoltent, séduisent ou intriguent. En tous cas, elles ne laissent pas indifférent. Cette expo s'interroge, s'intéresse à ces modes d'expression d'artistes souvent anonymes qui produisent des œuvres spontanées, saisissantes et éphémères …
Françoise DuchêneLa visite du Musée de la Chimie de Jarrie a piqué ma curiosité et m'a donné l'envie de travailler sur le sel.
Le sel, cette substance vitale née de la terre et de l'eau dont la culture est si profondément ancrée dans l'histoire des hommes.
Il est fin, il est gros selon l'usage. La blancheur de ses cristaux de forme cubique dépend de son degré de pureté.
Sacré chez les Chrétiens au moment du baptême, il participe aux rites païens dans d'autres croyances.
Il incarne tantôt le bien tantôt le mal : il protège et nourrit comme il brûle, assèche et détruit.
Honni lorsqu'il grimpe le long des murs humides, il enchante les palais des grandes tables avec sa fleur. Omniprésent dans notre quotidien, il se fait tour à tour conservateur d'aliments, sauveur sur nos routes enneigées, fixateur de couleurs,
adoucisseur d'eau, rehausseur de goût, explosif à ses heures…
Il entre dans notre sphère la plus intime, notre corps où il agit comme régulateur de tension artérielle, marqueur larmoyant de nos sentiments et plus fort
que tout, il a ce pouvoir quasi magique de rendre la vie plus belle !
Il y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements, et c'est de cela que j'ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie. »
Françoise HéritierMon herbier d'Herbes « folles » prend racine dans cette douce folie qu'est l'imaginaire, alimenté par les réminiscences de l'enfance, le goût de l'insolite.
Se prêter à un jeu onirique fait le reste. Un jeu qui a ses règles, ses codes et ses limites.
Cet herbier se compose d'une trentaine d'estampes tirées à partir de cinq plaques de cuivre d'un format 20x30cm évoquant chacune une partie anatomique de la plante telle que la fleur, le fruit, la tige, les feuilles et les racines.
Mon herbier d'artiste ou l'art de détourner la nature de petits riens, bouts de ficelle et lambeaux de papier pour en changer le sens, l'identité, l'appartenance. Les encrer, les estampiller, les presser pour en extraire le parfum de jouvence des brins d'herbes « folles ».
Des yeux partout, tout autour de moi.
Qu'ils soient œil-de-chat, œil-de-bœuf, œil-de-perdrix, œil-de-paon
en passant par l'œil des plantes que je taille, source de vie,
à l'oeil du dragon aztèque règnant sur les quatre coins de la terre et du ciel,
à l'œil du devin doté de double vue, cumul d'une vision naturelle et surnaturelle,
à l'œil pour le visage tout entier possèdant la vertu d'animer les objets sur lesquels
il se pose,
à l'œil de la connaissance, de la trahison, de la violence,
à l'œil, organe de la vue dans sa complexité anatomique,
à l'œil, image solaire dont la lumière permet de voir la beauté, la laideur dans une fascination telle que tous les sens semblent passer dans le regard,
les yeux remplissent le monde.
Les yeux sont toujours attirés par un regard. Ils tissent des liens entre vous et moi.
Corps en mouvement, déformés, chorégraphiés tantôt en une danse macabre, tantôt en un ballet arachnéen déployant fougue et volubilité.
Corps morcelés, éclatés, dupliqués toujours animés d’une énergie inépuisable.
Corps imprimés en images qui à l’instar des gravures rupestres, gardent le souvenir d’un geste, restituent la trace d’un moment de vie.
Le spectacle de la terre cultivée
Dans son abstraction géométrique
Remarquablement travaillée
Cette terre à la texture d’un immense tapis mécanique
Incroyablement colorés
Les bataillons de cultures maraîchères d’un vert écarlate
Merveilleusement doux
Le chant de la terre qui s’élève
En partitions éphémères.